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Alexandre, Etre "Très"


Alexandre Fitussi

Aux côtés d’Emma Malha, hier son inséparable collaboratrice chez Glovo, aujourd’hui son associée, Alexandre Fitussi a démarré sa propre startup en janvier 2020, Beanstock, spécialisée dans l’immobilier locatif. Trouver le bien ad hoc, monter le crédit, gérer l’ensemble de la location, tels sont les services d’intermédiation que propose cette toute jeune plateforme BtoC, née pendant le Covid, et qui se rémunère à 7,2% du prix du bien, contre une moyenne de frais équivalents généralement estimés au double pour l’acquéreur… Une manière pratique de devenir propriétaire-bailleur depuis son canapé !


“Moi je voulais rester libre”

Après quelques stages, notamment dans la finance, où il n’aura pas trouvé sa place, au sortir d’HEC il entre chez Uber, à Londres, pour 6 mois, le temps de voir. Il y gagne trois fois moins qu’à la banque mais participe d’un système mouvant, neuf, où la vérité du jour n’est pas celle du lendemain, apprendre, apprendre, et relever le défi d’implanter la marque à Edimbourg, Glasgow et Newcastle.


« J’étais dans une logique de test. Études achevées, certes, mais que choisir ?… On a souvent tendance à penser que le premier job signé est fait pour soi, qu’il vous correspond, mais c’est extravagant ! Absurde ! C’est l’inverse qui se vérifie. Car la plupart du temps, on baisse la garde. Moi, je voulais rester libre »

Citation 1 – ITW IC – 2021-08-25 – 54’13” : « Je fonctionne avec des to-do lists. Par exemple, je sais les voyages que je vais faire jusqu’en 2045. J’ai tout planifié. Ca paraît dingue, mais ça me fait un bien fou »


« Dernier jour de ma première semaine »

2016, retour en France, pas une heure à traîner : Alexandre entre en contact avec une startup inconnue, Glovo. La boîte a un an. Oscar, le boss, en a vingt-quatre. Depuis Barcelone, il entend se frotter à la concurrence internationale dans la livraison food à domicile, et donc, dans l’Hexagone, aux toutes fraîches Uber Eats et Deliveroo. « J’avais beaucoup appris chez Uber dit Alexandre, et chez Glovo le job consistait à faire à Paris ce à quoi je m’étais aguerri à Londres. Parfait ! D’autant qu’avec Oscar – le type le plus brillant que j’aie jamais rencontré de ma vie – ça a matché tout de suite. Dernier jour de cette première semaine, Oscar me parle, m’explique : “Je te nomme DG France, tu as le week-end pour décider.” J’ai pris. »


« En six mois, j’avais pris huit kilos»

C’est alors le début d’une expérience qui durera trois ans, de septembre 2016 à fin 2019 – … Quarante mois pendant lesquels Alexandre bosse plus qu’un fou : les restaurateurs, leurs clients, les fournisseurs, les coursiers, l’administratif, tout. Heureusement, sous peu, arrive Emma, qu’il a recrutée, elle aussi sort d’HEC – « La fille la plus brillante que j’aie jamais rencontrée de ma vie »… « Je me rappelle, raconte-t-il en souriant, j’achetais des bonbons. Sans arrêt. On avait beaucoup de boulot, beaucoup, beaucoup, et aucun sport : en six mois, j’avais pris huit kilos »…


Monter une boîte, une thérapie


Trois ans plus tard – et kilos perdus –, c’est Beanstock. Créer sa propre startup, Alexandre s’en souvient comme d’une étape naturelle. « J’étais parvenu au terme d’un cycle avec Glovo. J’en ai évidemment discuté avec Oscar, qui est partie prenante de la levée de fonds que j’ai bouclée en juin dernier »… Bouclée avec Emma, précise-t-il. Car elle aussi est dans le jeu ! Entreprendre, pour lui, ce n’est pas le moyen de gagner de l’argent, c’est d’abord l’occasion de mieux se connaître, la meilleure manière de faire le tour de soi, et de ceux qu’on apprécie. « L’entrepreneuriat, je ne le vois pas comme une charge, ni comme un risque, je le vois comme une récompense. Entreprendre, c’est l’opportunité de façonner un quotidien à son image. »


Organiser son temps.


Choisir la direction.


Jauger.


Et se jauger…

Citation 2 – ITW IC – 2021-08-25 – 1:01’13” : « La seule chose qui m’intéresse, c’est d’être “très”, très compétent, très manageur, j’ai besoin de faire ce qu’il y a de mieux »

Une phrase souvent reprise par Jobs (Steve) lui revient en tête : “Tu es la moyenne des cinq personnes que tu côtoies le plus.” Il approuve : « C’est vrai pour le salaire, pour le QI, même pour le poids ! Une moyenne de cinq personnes, cinq, voilà pourquoi j’ai toujours tenté dans ma carrière d’augmenter cette moyenne et de l’établir en côtoyant des gens qui me tireraient vers le haut. »


Silence.


En matière d’argent, je plafonne mes objectifs.


Plus tard, Alexandre partage ses réflexions : « J’ai été très perturbé par les rencontres de gens que j’ai pu faire, riches, qui n’avaient véritablement plus besoin de rien, mais qui continuaient à un âge déjà respectable de se rendre à leur bureau tous les jours, dès sept heures du matin, été, hiver… Les clients, les factures, les impayés, les taxes, les prud’hommes, la paperasse… C’est pourquoi j’ai décidé de me fixer des objectifs, et de les plafonner ! Principalement quand il s’agit d’argent. Vivre bien, d’accord, mais savoir sa limite, celle du “trop”, éviter l’engrenage, c’est essentiel. Et surtout ne jamais sacrifier l’émotion ! »


De l’émotion, sinon rien


Puis, un jour se lève, un jour différent, le jour de la naissance de sa fille – au même moment que la création de Beanstock – « Un cadeau ! Avec elle, il ne pouvait rien m’arriver » –, il s’est à lui-même révélé les deux facettes de sa personnalité : d’un côté, intacte, cette fringale professionnelle dont il se sait (atteint ? victime ? otage ? héritier ?), fringale d’argent, fringale de performance, fringale de statut social, fringale-et-cœtera ; de l’autre, une manière de sagesse! En tout cas, c’est ce qu’il revendique aujourd’hui, Alexandre : de l’émotion avant tout !


Etre le meilleur, le numéro 1, ça a un prix, et c’est avant tout une quête de valeur inestimable.


Bref, un homme génialement “très”.

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